Ressusciter la rose Raphaël Lucas Ressusciter la rose Raphaël Lucas Opéra en trois actes, livret de Simon Johannin, musique de Raphaël Lucas avec la collaboration de Junk8/Contre-façon pour l’électronique. Commande de la Villa Noailles et de son directeur Jean-Pierre Blanc à l’occasion des célébrations du centenaire de la Villa, en partenariat avec l’Opéra de Toulon, avec le soutien d’Aline Foriel-Destezet et de Chanel. Durée 2h20 Villa Noailles, Hyères, les 16,17 et 18 septembre 2023 Création Direction musicale : Raphaël Lucas Mise en scène : Vincent Huguet Assistante à la mise en scène : Marie-Mathis Aubert Complicité chorégraphique: Yanis Siah Chef de chant: Olga Jegunova Décors: Patrick Bouchain, Manon Daviet Design floral: Debeaulieu Costumes : Jean Colonna assisté de Somshit Sinthirath et Jacques Merle assisté de Max Gunther Denis Lumières : Frédéric Godeau assisté de Raphaël Pouget Film: Karim Zeriahen Stylisme défilé: Nikita Vlassenko assisté de Junior Cabral Son: Sammy Bichon Bijoux floraux: Claire Iseppi Distribution Marie-Laure 1 : Jeanne Gérard Marie-Laure 2 : Camélia Jordana Charles de Noailles : Bastien Rimondi La narratrice/ la jeune femme au piano/une amie : Pauline Cheviller Le professeur de gym: Yanis Siah La jeune femme au piano/ Marie-Mathis Aubert L’architecte/le chanteur au piano: Malik Djoudi La jeune fille/le fantôme de la piscine/une amie: Delphine Mégret Le garçon sur le toit: Félix Maritaud Compagnie Wonsembe: Daniel Suciu Dorel, Vivien Dumoutiers, Ibro, Tonton, Zed Akuma, Sekou Soumah Les musiciens gitans: Kema et Nelson Baliardo Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon et solistes supplémentaires Photos Note sur la mise en scène par Vincent Huguet Célébrer Célébrer. Pas seulement ce qui fut, mais surtout ce qui continue à être, sur les hauteurs de la ville, sur cette acropole cubiste, belle au bois vivant, promontoire avant-gardiste avec vue sur la mer. Hypothèse corollaire : la Villa Noailles est un théâtre, aussi, une scène, depuis près d’un siècle, puisque c’est là qu’on se rencontre, qu’on se regarde, qu’on s’écoute, hier en petit cercle, aujourd’hui élargi, toutes fenêtres ouvertes. Se réunir et inventer une histoire, ensemble la raconter, la jouer, c’est ce que font les enfants, c’est ce que firent les Noailles et leurs amis devant la caméra de Jacques Manuel dès 1928 avec Biceps et Bijoux, c’est ce que font les acteurs au théâtre et les chanteurs à l’Opéra. Lyrique, la vie de Marie-Laure et Charles l’est à souhait, tellement que si c’était une œuvre de fiction, on dirait sûrement que c’est un peu too much… comme l’Opéra, qui est souvent too much aussi, et pourtant, peut-être que ça fait partie de son identité d’être excessif, archi-sentimental, incapable de tiédeur, définitif. C’est pour ça qu’il faut un opéra, ou une forme qui s’y apparente, pour fêter cette histoire : à démesure, démesure et demie. Puiser directement non pas dans les archives mais au cœur vibrant des œuvres, humer l’air de leurs nuits, capter les rythmes de leurs engouements, imaginer la trajectoire de leurs désirs, partout, sur les terrasses, les toits, dans les jardins et tous les recoins carrés, les escaliers, dans les livres et à la surface des toiles. Ce n’est pas surprenant que Mallet-Stevens ait réalisé tant de décors de films : son architecture invite à transcender le quotidien, à l’habiter autrement. Tout est là, donc : les personnages, l’histoire, le décor. Dans le foisonnement artistique presque infini auquel le nom de Noailles est associé, il faut choisir, viser, parfois oublier, s’éloigner radicalement pour rester aujourd’hui, être dans la connivence plutôt que dans la révérence, tenter de garder de cette aventure l’essentiel : la curiosité, l’enthousiasme, la générosité, l’inventivité, l’humour, sans oublier le sport, central dans la conception comme l’usage de la Villa. La grand-mère de Marie-Laure, Laure de Sade, comtesse de Chevigné, avait servi de modèle à Proust pour la duchesse de Guermantes, donc c’est une tradition familiale que d’inspirer des personnages de fiction et sans doute est-ce aussi une tradition familiale—héritage princier—que de se mettre en scène soi-même, devant l’œil d’un peintre, l’objectif d’un photographe devant des amis ou en toute autre situation mondaine ou officielle. S’inspirer de tout cela pour l’incarner, aujourd’hui. Vincent Huguet, avril 2022