Don Quichotte

Maurice Ravel, Richard Strauss, Manuel de Falla, Jules Massenet

Conte en deux lieux et cinq tableaux

Les Voyages de Don Quichotte

 Maurice Ravel, Richard Strauss, Manuel de Falla, Jules Massenet

Le spectacle Les Voyages de Don Quichotte est une proposition artistique souhaitée par Marc Minkowski et coordonnée par Vincent Huguet qui se déroule en trois temps :  une première partie, mélodique et symphonique à l’Auditorium de l’Opéra, à l’issue de laquelle une déambulation équestre dans la ville conduit les spectateurs à assister à une troisième partie lyrique au Grand-Théâtre. Créé à Bordeaux le 17 septembre 2016.

Nouvelle production de l’Opéra national de Bordeaux Aquitaine.
Durée 3h30
Opéra national de Bordeaux Aquitaine du 17 au 25 septembre 2016.

Création

Direction artistique : Marc Minkowski
Mise en scène : Vincent Huguet
Chorégraphie : Blanca Li
Scénographie : Aurélie Maestre
Lumières et réalisation vidéos : Bertrand Couderc
Costumes : Clémence Pernoud
Assistante à la mise en scène : Sophie Petit
Dramaturgie : Louis Geisler
Chefs de chant : Jean-Marc Fontana, Martin Tembremande
Répétitrice enfants : Marie Chavanel
Assistant chef d’orchestre : Marc Leroy-Calatayud
Répétiteurs du ballet : Eric Quilleré, Aurélia Schaefer

Distribution

Direction musicale  : Paul Daniel, Pierre Dumoussaud, Marc Minkowski
Direction chœur de l’ONB : Salvatore Caputo
Don Quichotte : Andrew Foster-Williams
Sancho Pança : Alexandre Duhamel
Dulcinée : Anna Bonitatibus
Maître Pierre/Rodriguez : Mathias Vidal
Truchement : Samuel Defaut et Clément Pottier (en alternance)
Pedro : Katherine Watson
Garcias : Albane Carrère
Juan : Thomas Bettinger
Deux valets : Jean-Philippe Fourcade et Luc Defaut
Violoncelle : Alexis Descharmes
Guitare : François Chappey
Danseuse étoile : Sara Renda
Premier danseur : Oleg Rogachev

Parade équestre :
Manu Bigarnet, Anne Bertrand-Bodet, Thibault Sohm (Don Quichotte), Léonard Crameri-Fisher (Sancho Pança)

Orchestre national Bordeaux Aquitaine, Chœur de l’Opéra national de Bordeaux, Ballet de l’Opéra national de Bordeaux

Programme

Auditorium de l’Opéra National de Bordeaux :
Jacques Brel, La Quête (adaptation d’un extrait de L’homme de la Mancha de Mitch Leigh et Joe Darion)
Maurice Ravel, Don Quichotte à Dulcinée (3 chansons)
Richard Strauss, Don Quixote (poème symphonique)

Déambulation :
parade équestre et musicale.

Grand-Théâtre :
Manuel de Falla, Les Tréteaux de maître Pierre (Opéra en un acte)
Jules Massenet, Don Quichotte (Acte 1 scène 1, actes 4 et  5)

Photos : © Frédéric Desmesure © Bertrand Couderc

Note sur la mise en scène
par Vincent Huguet

Au saint patron de toutes les scènes du monde

Don Quichotte peut aujourd’hui ajouter un exploit à la liste incertaine de ceux qu’il a réalisés : être l’un des personnages littéraires à avoir inspiré le plus grand nombre d’artistes, et jouir d’une postérité qui ne s’érode pas. Depuis la fin du XVIIème siècle, le catalogue des œuvres musicales consacrées à l’hidalgo ne cesse de s’étoffer et chaque époque réinvente son Don Quichotte. On l’a adoré bouffon, tragi-comique, avant de le rhabiller au XIXème siècle en figure christique puis au XXème siècle en personnage à la fois absurde et magnifique. Le théâtre aime Don Quichotte, lui qui le maltraitait si fort, ruant dans les tréteaux de maître Pierre ou s’attaquant à des comédiens qu’il prend pour des diables. Mais les deux sont indissociables et Don Quichotte pourrait bien être le saint patron de toutes les scènes du monde, qui quand le rideau s’ouvre nous font prendre des moulins à vent pour des géants et des ampoules pour des étoiles. Ce que vit Don Quichotte au cours de ses voyages, cette « folie » qu’il a de transformer ce qu’il voit, c’est à la fois le sens même de la création artistique, mais aussi ce que nous recherchons en entrant dans un théâtre. On s’assoit dans le noir et on a envie d’y croire. Où est la folie là-dedans ? « C’est un fou, mais c’est un fou sublime », répond Dulcinée aux moqueurs dans l’opéra de Massenet, qui s’achève par l’évocation de « l’île des rêves », la seule que le chevalier errant va vraiment léguer à Sancho, la seule qui restera aussi quand l’orchestre aura joué les dernières notes. Mais ses rêves ne sont pas aussi dérisoires qu’on le croit parfois, et l’organiste bordelais Charles Tournemire l’avait décrit avec cette belle formule : « un grand crieur d’Idéal ».

Don Quichotte est multiple, dans le roman de Cervantès comme à travers ses différents avatars dramatiques et musicaux. L’Opéra de Bordeaux en réunit les plus étonnants, de Strauss à Ravel et de Falla en passant par Massenet et devient, avec ses deux salles, le territoire même qu’explore le chevalier de la Longue Figure, une nouvelle sierra pour ses expériences, sa soif de combattre l’injustice et de célébrer l’amour. Dans le roman de Cervantès, Don Quichotte est obsédé par le pouvoir des enchanteurs, qui perturbent notre raison et jouent avec elle ; le voici cette fois dans leur quartier général, là où l’artifice est un art et l’illusion un métier, là où toutes les apparitions et tous les mensonges sont possibles. Don Quichotte dans la sierra lírica